Journal Intime ? Pas vraiment...

Plûtot des étapes de ma vie, que je me remémore, tel un flashback. Ce sont plus des pensées que des écrits...

::. Mein Hertz Brent : Comment j'ai rencontré Rammstein .::

25 Mars 2002. A cette époque, j'étais ce que l'on pouvait appeller un "looser". Je ne faisait tout le temps tabasser, pour un oui, pour un non... J'était jeune, mais je savais déja réfléchir mieux que la plupart des enfants de mon age. Pendant que les autres se préoccupaient des Pokémons, je tentait de comprendre la politique totalitaire de notre pays...

Je n'en pouvait plus de cette vie, de ce gouvernement et de ces règles absurdes. Et puis, mon mysanthropisme primaire me fasait perdre la plupart de mes amis. Seul un restait, un sur qui je pouvait toujours compter : Watanabe.

Watanabe et moi adorions nous amuser. Nous partagions tout, et nous avions les mêmes gouts. Enfin, presque...

Watanabe aimait le rock.

Personellement, je haïsait le rock plus que tout. Je n'en avais jamais écouté, de peur d'abimer mes belles oreilles. En effet, ma mère me disait toujours que le rock, c'était des nouilles qui gueulait leur vie avec des tonnes de guitares éléctriques en fond sonore. Et puis, c'était interdit, et ce qui était interdit, c'était qu'il y avait de bonnes raisons, selon ma mère.

Ma mère était très à cheval sur ses choses là, avant de sombrer dans l'alcool...

Moi, mes gouts musicaux restaient cantonnés à la pop que nous servait le gouvernement, les amours fleurs-bleues des midinettes qui les chantaient...

Et puis, un jour, j'ai trouvé Watanabe dans la rue. Ses yeux étaient vides, il paraissait en transe. Lorsque je lui demanda ce qu'il faisait, il releva les yeux et me dit :

- Ah ! C'est toi ! Excuse moi, j'écoutait du Rammstein...

Je fit un grimace. Pour moi, qui était encore dans les stéréotypes de l'enfance, tout ce qui était allemand était nazi. Mais aujourd'hui, je m'était promis de faire des efforts pour m'interesser au "rock" de Watanabe.

Il me tendit un écouteur. Je me l'enfonça profondément dans l'oreille. Le morceau avait déja commencé...

Ich singe bis der Tag erwacht
Ein heller Schein am Firmament
Mein Herz brennt...
...
...
...
Puis, plus rien...

- Hein ? fit Watanabe en regardant son discman, Oops, Désolé, mais ya plus de batterie. Ce sera pour une autre fois, Yoshigawa. Yoshigawa ?

Je restait là, surpris. Dans mes préférences musicales, rien ne semblait pouvoir dépasser Céline Dion...
...
... Et pourtant, ce jour là...

Durant la semaine, suivante, je ne fut pas en cours. Je passa mon temps à cercher sur Internet des musiques de Rammstein. Puis, une fois toutes les chansons téléchargés, je m'installa dans mon coin, alluma mes enceintes et commença la lecture.

Durant cette semaine je ne quitta pas ma chambre...

Cette puissance vocale, ce son éléctro mélagé à la force dévastatrice des guitares, tout cela entremélé à un sens de la mélodie et à une poésie des textes...

Tout cela semblait être, à mes yeux, la musique divine...

J'ai ensuite, grâce à mes contacts, pû quitter le pays pour aller les voir en concert...

Je ne fut pas déçu.

Quand je vit toute l'énergie qu'ils déployaient, sur scène comme dans les textes, pour lutter contre le fascisme, contre les gens coincés, contre tout ce qui les mettaient en rogne, oui, quand je voyait toute cette énergie pour dire ce qu'ils pensaient, pour faire ce qu'ils avaient envie de faire; pour choquer, pour atteindre la morale, la corruption et toutes les merdes qui règnent dans ce monde pourri.

Ce jour là, je me suis promis à moi même que je lutterais de toute mes forces contre le gouvernement et les gens que j'aime pas. Et puisque la force me fait défaut, je me battrait avec mon intelligence, et j'humilierais les gens afin de les faire souffrir comme il m'ont fait souffrir...

Plus tard, cette semaine là, Watanabe fut capturé et écroué par la police nationale pour "écoute et distribution de musique prohibée". Son jugement fut sans appel : la mise à mort.

Et le jour de l'exécution télévisée, je n'ai éprouvé aucun regrets. J'avais peut-être perdu un ami, mais j'avais gagné... Rammstein !

Ready ? Feuer Frei !