I want to be quiet (Aïko)

La nuit était encore plus noire que la minute précédente ne put s’empêcher de remarquer Aïko en levant les yeux vers le ciel tout en continuant de marcher dans la forêt. On ne pouvait pas dire qu’elle progresser rapidement et tout à fait droit devant elle d’ailleurs. Ses pas se faisaient hésitant dans l’obscurité presque totale de la nuit, la cadence était sans cesse modifiée. Aïko ne savait tout simplement pas où aller. Ses jambes tremblaient un peu, sa respiration était difficile car sa gorge serrée et elle n’arrivait pas à contrôler les battements furieux de son cœur terrorisé. Elle n’avait pas peur de mourir. C’était dit depuis le jour elle avait tenté de mettre fin à ses jours. Elle était cependant terrifié à l’idée que quelque un puisse la tuer. Encore plus s’il advenait que cela soit quelque un qu’elle ne connaissait pas, en d’autres termes quelque un de sa classe…
Aïko stoppa sa marche net.
Non, en fait pas toute sa classe. Il y avait des élèves qu’elle appréciait tout de même et en qui elle avait confiance, mais une plus que les autres.
La jeune fille baissa la tête et fixa ses pieds.
Elle n’avait pu rejoindre cette personne car après elle dans la liste. Elle n’avait pas eu le courage de l’attendre devant l’école et avait commençait à marcher au hasard dans la forêt.

« Est-ce que je vais mourir su cette île ingrate et hideuse ? Et par la main sale de qui ? Pas par la mienne en tout cas… »

Aïko avait décidé depuis qu’elle fut tombée amoureuse de ne plus jamais essayer de se donner la mort, par quelque moyens que se soit, et cela même si sa relation avec ce garçon était terminée et quelle ne ressentait plus rien pour lui.
La jeune fille se remit à marcher de façon plus déterminée. Ses mollets nus furent légèrement griffés plus d’une fois dans les bas buissons épineux mais elle s’arrêta pas. Soudain, elle se figea pour fixer au loin une masse sombre perchée dans les arbres. Son cœur se remit à battre à folle allure tandis que son cerveaux fut mitraillé de questions.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Un nid géant ? Un monstre ? Ou bien… »

En s’approchant en silence à pas de loups elle comprit enfin qu’il s’agissait d’une cabane en bois construite dans un arbre. Aussitôt elle se sentit extrêmement soulagée. Puis elle envisagea d’y monter.
Elle pencha légèrement la tête sur le côté ne voyant pas d’échelle. Elle fit le tour du tronc et ne trouva rien sauf quelque branchages auxquels s’agripper. Aïko soupira en se demandant comment monter avec ses deux sacs. Elle soupesa son sac donné par l’armée (en se disant au passage qu’elle n’avait même pas encore regarder son contenu) et jugea qu’elle pouvait fermement l’accrocher à son épaule sans crainte qu’il ne la fasse plonger en arrière. Elle accrocha son sac personnel sur son autre épaule et entama la montée. Ses frêles cuisses n’étaient pas habituées à un tel sport, n’y à aucun autre d’ailleurs. Il fut difficile aussi pour ses petites mains pâles de s’accrocher à quelque chose, mais elle parvint tout de même au prix d’un effort colossal de se hisser sur la plate forme. Une fois qu’elle fut presque arrivée elle lâcha un dernier gémissement d’effort pour se poser à l’intérieur quand elle sursauta pour se plaquer dans un coin de la cabane. Quelqu’un était déjà présent. Mais Aïko se rendit compte une millième de seconde plus tard qu’il s’agissait de la seule personne sur laquelle elle n’avait pas peur de tomber: Kairi Ogawa, son premier amour qui l’a sortit de tout et même de la mort.

« Kairi…? », lâcha-t-elle difficilement d’une petite voix.

Elle n’arrivait pas à y croire. Comment se faisait-il qu’ils se retrouvent justement tous les deux ? Aïko ne savait pas qui remercier. Dans un coin de sa tête, Usagi-sama souriait sournoisement : N’en remercie pas le ciel, remercie moi plutôt…
La jeune fille secoua la tête et ouvrit ses grands yeux d’enfants toujours aussi fatigués.

Kairi sursauta violement quand il se rendit compte que quelqu'un commençait à prendre d'assaut sa forteresse perchée. il était clair qu'il s'était tellement senti à l'abri en hauteur, qu'il n'avait pasz cru bon de rester prudent.
Sa tête résonnait à présent de chacun des bruissements provoqués par l'escalade de l'inconnu.
Finalement, une cabane n'était pas la meilleure des cachettes...
Il retint sa respiration, avec une méfiance en alerte. Qu'allait-il faire si c'était un ennemi qui montait ? Il sentit son coeur se serrer. Dire qu'il ne voulait pas se mêler à tout ça, qu'il voulait rester dans son coin et peut-être même rejoindre quelques courtisanes, mais non, voilà qu'une personne dont il ne connaissait pas l'identité, grimpait sur son arbre.
Il passa ses longs doigts fins sur son cou glaçial, sa peau restait desespérement froide et malgré la situation qui pouvait devenir catastrophique, il n'arrivait pas à bouger...
Bientôt, il aperçut, le regard à demi fermé, une silhouette qui ne paraissait pas humaine se hisser sur les planches pourries. Son coeur fit un bond dans sa poitrine serrée par l'angoisse. le but du jeu restait réel et si lui n'y participait pas, d'autres pouvaient bien y jouer...

"N...nan..." Parvint-il à souffler entre ses lèvres, alors que l'inconnu disait aussi un mot

Il écarquilla les yeux lorsqu'il reconnut enfin cette personne. La voix avec laquelle elle avait prononcé le nom du garçon, était douce, enfantine. Et il distingua, dans la lumière claire de la lune, les traits délicats du visage de son ex petite amie : Aïko Tsukiyama...
Ses épaules, figées par le stress, s'affaisérent brutalement et il reprit son souffle bruyamment, bien que se demandant ce qu'elle faisait là.
Tentant de reprendre une contenance, il lissa le col de sa chemise blanche, avant de dire d'un ton grave, à l'accent chantant :

" Que fais-tu là Aïko ???! "

Mais il n'était pas pour autant rassuré, cette fille pouvait être trés lunatique et il ne pouvait prévoir ses réactions.
Il secoua la tête et replaça ses mèches noires dans leur ordre naturel :

" Si je m'attendais à toi..."

Kairi était bien là devant elle. Le choc avait été très violent. Tout comme elle son visage trahissait ses sentiments. Aïko ne l'avait jamais vu aussi effrayé et cela la surpris encore plus. Cela lui fit bien plus peur qu'autre chose. L'idée qu'il puisse se méfier d'elle ou la craindre la traversa comme la foudre. Mais elle ne s'en fit pas et essaya de reprendre un peu ses esprits.
Quand il l'a reconnue Kairi parut soulagée ce qu'il la soulaga également par la même occasion. Elle essaya de lui dire quelque chose mais sa gorge était encore trop serrée. D'ailleurs l'angoisse de sentir soumise à cause du collier la hantait toujours autant.
Elle essaya de croiser son regard et malgrè l'obscurité elle y parvint tout de même. Elle essayait de lui faire comprendre qu'elle ne lui voulait aucun mal et ce d'ailleurs à personne d'autres sur cette île.
Aurait-il préféré que cela soit quelque'un d'autre ? Oui, surement. Aïko n'était pas très ouverte et d'une grande force non plus. Dans ce jeu où il faut tuer pour survivre elle partait de prime abord perdante.Mais la jeune fille ne comptait de toute façon en aucun point participer à ce jeu. S'il fallait se sacrifier elle serait prête à le faire pour Kairi. Mais pour l'instant la question n'était pas là.
Elle prit une légère inspiration et se lança :

"Je...J'ai vu cette cabane dans l'arbre et je me suis dit que je pourrais m'y cacher...Moi non plus je ne m'attendais pas à te trouver ici..."

Elle fit une pause gênée et baissa la tête.

"Mais je suis très heureuse de te trouver...Ce n'est pas réciproque, hein ?"

Elle savait Kairi populaire, surtout auprès des filles de sa classe. Peut-être avait-il déjà une autre conquête après son nom... Et puis en fait cela vait peu d'importance. Aiko espérait sincèrement qu'il ait encore confiance en elle mmalgrès la situation dans laquelle ils se trouvaient.

Avec une certaine gêne, Kairi replia l'une de ses jambes contre lui, pour laisser à Aïko un peu de place pour s'asseoir. A vrai dire, déjà à ce stade peu avancé du jeu, ses pensées s'embrouillaient. Il lui semblait voir le doux visage de son ex petite amie deformé par les rayons de la Lune :

*Pas le moment de devenir cinglé.* Se contint-il

Il toussota pour faire passer la boule d'angoisse qui encombrait sa gorge. N'osant une nouvelle fois sortir son miroir pour voir s'il n'était pas trop amoché par l'effort, il décida de mentir à Aïko conçernant sa "joie de la revoir". Et peut-être qu'elle pourrait lui être utile qui sait...
Pour le moment, il aimerait au moins se sentir à nouveau calme, dans cet état d'esprit particulier qui donne l'impression que plus rien ne peut arriver...
Mais Kairi savait qu'avec la jeune demoiselle dans les parages,; il n'y arriverait malheureusement pas :

" Et bien, il est vrai que c'est une sacré surprise... mais je suis bien content de te trouver moi aussi... C'est réciproques..."

Il lui dédia un sourire sûr, qui reflétait autre chose que ses convictions.
Elle lui faisait peur, c'était le mot et il ne savait pas s'il pouvait avoir confiance en elle. cela faisait déjà quelques mois qu'il avait effacé son numéro de la mémoire de son portable. Et quelques temps de plus encore qu'il ne lui avait vraiment adressé la parole à part par les salutations du matin.
Maintenant qu'il y pensait, il regrettait presque de l'avoir jettée si brutalement, d'avoir rompu avec si peu de pitié. Elle pouvait utiliser ces arguments pour... le tuer...
Et ça non, il ne voulait pas mourir. Du moins, pas pour le moment. Encore trop de choses à faire, trop de filles à découvrir et à combler.
Parfois, il se reprochait de souvent penser aux femmes mais alors que son regard rencontra celui d'Aïko, il ne put s'empêcher de le baisser, sans honte...
Il se reprit rapidement, s'affichant un sourire sponsorisé par Colgate Blancheur, faux mais toujours si séducteur :

" et ton arme ? c'est quoi ???"

Il n'osait lui demander si elle voulait participer à cette immense idiotie qui semblait se préparer dans chaque coin de l'île. Question inutile de tout façon, il verrait bien à ses prochaines réactions...

Aïko avait très peur. Elle n'arrivait pas à contrôler cela et ceci l'angoissait. Kairi paraissait distant mais quoi de plus normal ? La jeune fille avait fait une croix sur le fait qu'il lui revienne un jour depuis longtemps. Il est vrai qu'elle eut beaucoup souffert qu'il lui eut annoncé qu'il voulait rompre. Mais Aïko comme à son habitude avait juste ouvert de grands yeux et avait répondu "D'accord..." sans plus. Bien évidemment elle avait vu se rapprocher ce jour car connaissant de mieux en mieux son petit ami. Et malgrè le fait qu'il ait obtenu ce qu'il voulait d'elle en tant que femme et qu'il ait tout simplement jetée ensuite, elle ne lui en voulait pas. Le moins du monde même. S'il n'était pas heureux avec elle alors elle ne s'opposait pas à ce qu'il aille l'être ailleurs. C'est tout ce qu'elle eut conclu enfermée dans les toilettes des filles du lycée à pleurer son sort.
Depuis elle avait relevée la tête non sans difficulté et avait vécu son exsistance de banale lycéenne comme dans un rêve un peu flou et fade.
Aïko baissa les yeux juste après que Kairi ne le fasse et jugea bon de retirer ses sacs des ses épaules qu'elle commençait à ne plus sentir. Elle les posa à côtè d'elle et n'en détacha pas ses yeux. Que contenait donc ce sac hideusement kaki ?
Puis comme s'il lit dans ses pensées, Kairi lui posa la question.
*Une arme ?*, pensa-t-elle avec surprise. *Mais tout n'est-il pas une arme ? Et c'est quoi une arme pour un militaire ? Un pistolet ? Une mitrailette ? *

Aîko fut parcourue d'un frisson de dégout.

"Je n'ai même pas envie de savoir, je ne veux pas toucher ce sac horrible...", répondit-elle avec une expréssion d'enfant dégoutée en pensant au visage du militaire qui lui avait balançé à la figure.
Son visage mal rasé se superposa avec celui flous de ses violeurs d'il y a 7 ans. Son coeur fit un bond et elle déglutit difficilement.
Elle ferma les yeux pour se retrouver ne serait-ce qu'une seconde dans son royaume de rêve...où les lapins l'acceuillirent avec de grands sourires entourés de poils soyeux roses et blancs.

Il l'avait toujours trouvée bizarre.
Bizarre, lunatique et rêveuse. A une époque, où ses pensées restaient souvent ailleurs, il se demandait ce qu'il avait bien pu lui trouver, à part ce corps à "baver", pour faire simple. Et maintenant, ce silence qui s'était installé dans la cabane lui donnait la chaire de poule. Son refus de lui montrer son arme lui apparut un instant comme une faute énorme de sa part.
Distrairement, il gratta son menton, se repprochant d'avoir oublié son sac personnel dans la salle d'où ils étaient tous sortis. Son regard revint à la jeune fille qui avait fermé les yeux. il ne la comprenait pas...

Dans un éclair furtif, il se dit que son petit frère aurait du être envoyé à sa place sur cette île, même s'il n'était âgé que de 6 ans. Lui, Kairi, ne méritait sûrement pas ce sort.

Il continuait à se poser des questions, qui passaient presque sans laisser de trace...

Il chercha machinalement dans la poche de sa veste d'uniforme son paquet de chewings gums. Il le trouva difficilement, dans l'amas disparate d'objets en tout genre, le prenant avec lenteur. Ecartant les bords de papier, il engloutit un dragé rouge, savourant la fraîcheur qu'il lui apportait :

"Tu en veux un Aïko ?"

Il ne savait vraiment pas quoi lui dire, quoi attendre d'elle.
Il lui tendit le paquet avec lenteur, plantant son regard sombre sur le joli visage enfantin. Avec une expression denuée de désir, il ne la voyait plus comme une proie potentielle, l'ayant déjà eu, il lui sourit un peu plus gentiment. Peut-être qu'il ne pouvait lui faire confiance, mais il se devait de rester galant, même s'il se comportait au jour le jour comme un sale machiste odieux...

Il soupira et tenta de s'installer plus confortablement contre la cloison. Aucune remarque méchante ne lui venait à l'esprit. S'il s'était trouvé face à Kaoru, il aurait trouvé sûrement de quoi lui faire mal à l'esprit. Seulement, face à cette grande enfant d'Aïko, il se sentait... blazé.

Son pouls se calmait pour redevenir calme et il regardait, par l'ouverture de la cabane, le ciel qui se détachait. Dans son esprit se diffusait le poison sinueux du doute. Peut-être qu'il devait s'enfuir tant qu'il était temps... sans se retourner.
Impossible de cerner les désirs de la jeune fille, ce qu'elle pensait à propos de cette monstruosité.

Il repoussa fermement les souvenirs qui envahissaient sa refléxion troublée, qui lui laissaient un goût amer dans la bouche. Une sensation éphemére, des sourires, le soleil, les repas qu'il lui faisait toujours payer... Il ne s'était jamais vraiment montré sous son meilleur jour mais à présent, il savait qu'il avait été vraiment infect :

*Ba, c'est ma nature aprés tout...*

Nature n'explique rien. A présent, dans la lueur diffusée par la lune, il avait envie de sortir et de boire. Tout simplement... Boire une pinte de biére, se réveiller de ce cauchemar hideux, retrouver toutes ses conquêtes...

Il n'avait jamais été hônnete avec Aïko, ni fidéle. Lorsqu'il avait rompu, il ne lui avait pas dit qu'il avait fréquentée une demoiselle en paralléle. Homme machiste et profondément méchant...
Lorsqu'il repensa à cela, son visage pâle se fendit d'un sourire ironique...

Il n'était pas cruel, du moins pas à ses propres yeux.
Les autres sont en fautes, toujours. Tout ce qui arrive est à cause d'eux. Rien n'est provoqué par lui, rien. Il n'a donc pas de raison de plonger dans cette hideuse loi, même pour briller.

Et puis, les femmes n'aiment pas les meurtriers...

Lorsque Aïko rouvrit les yeux se fut pour observer le visage si calme de l'homme assis en face d'elle. Elle commençait à avoir froid. Une sensation de froid glacial qui la pénétra toute entière. Ses pensées n’étaient dirigées vers aucun points particulier. La jeune fille entoura ses genoux de ses bars. Son esprit vagabondait en se laissant bercer par le vent extérieur quelque part dans la foret.

« Tu en veux un Aïko ? »

Celle-ci releva la tête et fixa le paquet de chew-gum. Elle répondit à Kairi en le regardant droit dans les yeux comme elle le faisait toujours :

« Non, merci. Tu es très gentil… Merci de me l’avoir proposé. » lui dit-elle avec un doux sourire, timidement flattée.

Mais elle remarqua quelque chose l’instant d’après. Oui, bien sûr, c’était évident…

*Kairi n’a pas du tout confiance en moi. Et maintenant plus que jamais. Il a peur de moi… Enfin, non puisque il n’a rien à craindre de moi, je suis faible… Seulement je le dégoûte. Oui parce qu’il sait qui je suis. Tout les gens qui savent qui je suis me détestent. Personne ne m’aime parce que je suis sale, je suis bizarre c’est vrai… Tout le monde le dit dans la classe, on ne me le cache pas.*

Aïko sentit ses yeux s’humidifier et elle enfouit son visage dans ses bras toujours autour de ses genoux en priant pour que Kairi ne se doute de rien dans l’obscurité.

*Mais pourquoi ? Pourquoi ? Quelque chose cloche chez moi… Je ne sais pas, moi… Kairi était très gentil avec moi, il a toujours été gentil. Même si pour certains il était égoïste et narcissique pour moi il était beaucoup plus plein d’attentions pour moi que mes parents et le reste de la population réunis.
Mes parents… Est-ce que je vais les revoir ?*


L’atmosphère était pesante. Ce calme, ce silence était angoissant pour elle. Elle ne supporterais pas plus longtemps devoir infliger cela au jeune homme.
Elle releva légèrement la tête et renifla tellement discrètement qu’on aurait vraiment dit une enfant de 4 ans.

« Kairi… Tu sais, tu n’as aucune crainte à avoir. Je n’en veux à personne, même pas aux professeurs, et encore moi à toi… », lâcha-t-elle calmement.

Son visage affichait une telle expression de conviction et de sincérité qu’en cet instant on lui aurait vraiment donné 17 ans. Elle était extrêmement sérieuse et infiniment triste.
Elle fit une pose laissant le temps à Kairi de bien croire en ce qu’elle disait.

« Tu sais, ce jeu est tellement horrible et… affligeant que je n’y ai pas cru tout de suite… Je pensais réellement que c’était un cauchemar. Alors comment nous demander de nous tuer quand on n’en a pas envie ? Nous menacer de mort, nous dire que notre survie dépend de la mort des autres ? C’est trop injuste… et complètement puéril.»

Elle arrêta tout discours inutile plus longtemps. Elle voulait savoir ce que lui en pensait.

« Et toi, tu en penses quoi ? »

Avec un haussement d'épaule, il rengaina le paquet dans sa poche, posant ses mains sur le sol. Il se préparait à replonger dans ses pensées lorsque le flot soudain de parole, venant de la jeune fille, le fit sursauter. Elle n'avait jamais beaucoup parlé et ces phrases qu'elle devérsait sans reprendre son souffle, lui semblait-il, le surprenait. Il mordilla doucement sa lèvre inférieure, scrutant Aïko :

" Pas grand chose à vrai dire, à part qu'on est dans une belle... euh... mer... un beau problème plutôt. Je ne vais pas me laisser à dire des gros mots..."

Il se redressa contre le mur de bois, avisant du regard dans un coin de la cabane une statue vaudou et un petit matelas :

" Et bien, on va dire que tout le monde pense que c'est un cauchemar et pour parler de puérilité, tu es mal placée..."

Il ne se rendit pas compte tout de suite de ce qu'il venait de dire, lissant du bout des doigts le bas de sa chemise, avec un certain souci du confort.
Le décor de la cabane était trés simple et il ne voyait pas comment tourner ce manque de meuble à son avantage :

"Pfff... Qu'es qui te dit que j'ai peur de toi ?" Grogna-t-il avec mauvaise humeur

L'incompréhension laissait peu à peu la place à la colère. Il se sentait de mauvais poil à présent. Que faisait-il donc à rester ici avec elle ? Il aurait du comprendre plus tôt qu'elle ne lui serait d'aucune utilité. On ne change pas une femme...
Maintenant qu'il fouillait dans sa mémoire, il découvrit que le fait était qu'il ne savait pas grand chose sur elle, sur son passé. Et peut-être qu'il en ressentait un sentiment de frustration...
Il mâcha nerveusement son chewing-gum, dont la saveur s'était déjà dissipé. Comme s'il ne le savait pas que ce que tout ce qui les entourait faisait parti d'un cauchemar ! Il avait sa fierté et tenait à la garder, rien que pour ne pas paraître faible.

Aïko paraissait triste tout à coup, tourmentée. Mais le lycéen ne voulait pas chercher à comprendre. Les femmes et leurs problèmes sont embêtants, ne servent à rien...
Ses yeux se plissérent et il tira fébrilement sur le col de sa chemise, ne sachant que faire de ses mains.
Trois jours pour laisser sortir ses pulsions, c'était peut-être trop court...

Le resultat fut le même. Non, il avait même eut l'effet inverse. Loin de lui faire confiance, Kairi semblait même grandement irrité de sa présance. Si même lui n'avait plus besoin d'elle, qu'allait-elle faire ? Quel but poursuivre ? Allait-elle vraiment mourir dans ce jeu idiot ? Et si oui n'y avait-il pas des choses qu'elle serait triste de quitter ? Pourquoi n'avait-elle pas peur de mourir comme tout le monde ? Pourquoi n'était-elle pas pure et vierge comme les autres jolies filles de la classe ? Pourquoi était-elle différente ? Pourquoi n'avait-elle pas de rêve au quel s'accrocher desespérement ?

Aïko releva la tête à la réponse de Kairi. Oui, lui au moins gardait une part de beauté dans ce jeu, une fierté que rien ne saurait ébranler...

"Et pour parler de puerilité, tu es mal placée..."

Aïko sursauta à ces propos. Et leva la tête vers le jeune homme qui paraissait plus irrité que jamais. Aïko soupira interieurement se disant que finalement Kairi était comme les autres et que c'était en un sens bien pour lui. C'était elle qui était bête de l'avoir mis sur un pied d'estale. Elle l'estimait pourtant toujours autant, peut-être plus, de rester fidèle à lui même même dans un contexte aussi extrême.

Bien evidemment il n'avait pas peur d'elle. Elle en remercia le ciel des lapins pour cela...
Kairi était de mauvaise humeur. Aïko ne pouvait s'empêcher de trouver ça drôle. Heureusment pour elle, elle sut garder contenance face à cette drôle de sensation au vue de la situation.
Elle continua à le fixer dans le coin de la petite cabane miteuse et peu meublée. Aïko ne put s'empêcher encore de souhaiter être comme Kairi le souhaitait et de le satisfaire comme elle le pouvait. Elle se sentait tellement misérable comme ça, assise comme une pauvre gamine triste, détestée et detestable dans un bois à trois heures du matin en train de jouer éternellement à l'enfant victime de tout. Certe tout le monde est la victime de quelqu'un, mais pas le bourreau de tout le monde. Et ça elle l'avait bien compris.

Aïko allongea ses jambes pâles sur le sol pour pouvoir mettre sur ses cuisses son sac d'affaires personelles. Elle fouilla à la recherche d'un objet. Elle le trouva dans une poche à l'intérieur du sac : une tablette de chocolat au lait. Certe cela pouvait paraitre pueril et inutile mais à cette heure de la nuit on a légèrement l'estomac dans les talons. En cherchant encore elle trouva un I-pod rose, le sien bien sûr. Ce qu'elle cherchait en vain était un objet, une babiole, ou n'importe quoi, suceptible de faire plaisir à Kairi. Elle regretta de ne pas être alcoolique au moins elle aurait au moins eu minimun une bière (pas très fraiche certe) sur elle.

Elle releva finalement la tête et lui tendit sans un mot la tablette avec une expréssion très sérieuse d'adulte cette fois et pas de bambin.

Kairi détourna la tête avec un grognement agacé. Cette expression sur le visage de la jeune fille lui faisait pitié :

*Tsss, si c'est pas un monde ça...*

Il passa sa main avec lassitude sur son visage aux traits fatigués. La veille du départ, il était encore sorti, comme d'habitude et maintenant, il sentait la fatigue le rattraper. Mais il ne devait pas s'endormir ici...
Il repensa à ce qu'avait dit Miss Dakota, que normalement ils devraient tous être ailleurs, en Australie. C'est clair que face au cadre où ils se trouvaient actuellement, la destination de ces vacances ratées pouvait être le paradis sur terre. Qu'ils n'étaient pas prêts d'atteindre semblait-il...
Lorsque la demoiselle étendit ses fines jambes pâles, le garçon essaya de trouver une position dans laquelle ils ne se gêneraient pas l'un et l'autre.
Son regard revint sur elle lorsqu'elle ouvrit son sac pour en sortir une plaquette de chocolat. Elle la lui tendit et Kairi la fixa avec un dédain bien visible. Qu'espérait-elle en lui donnant cela ?
Il tourna le regard vers un autre coin, laissant la jeune fille avec son chocolat. Mais son estomac en décida finalement autrement, le rappelant à l'ordre par un gargouillement puissant.
Kairi plaqua ses deux mains sur son abdomen, priant pour qu'Aïko n'ait pas entendu.
A cet instant, le chocolat lui paraissait bien alléchant et il tendit les doigts vers lui, s'en emparant avidement. Il déchira l'emballage et croqua dans la matière brûnatre avec déléctation.
Il se sentait finalement mieux, pensant un bref instant qu'elle n'était pas si inutile que cela :

" Merci..."

Il mangea la moitié de la friandise avant de la réamballer dans le papier et de la tendre en retour à la demoiselle. Elle avait peut-être faim aussi... Il soupira. Elle paraissait mature quand elle lui avait donné le bonbon chocolaté. Il éprouva un pincement au coeur dont il ne pouvait détérminer la provenance.

Compassion, pitié...

Ces mots résonnaient dans sa tête. Il se devait d'être gentil avec elle, même si elle ne savait pas ce qu'elle cherchait. Mais si elle continuait à le fixer, toujours avec ces grands yeux stupides et bovins, il ne se retiendrait plus...

Les gens idiots l'horripilaient, autant qu'il se dégoûtait lui-même...

Enfaîte, l'humain s'en veut toujours, quel qu'il soit...

L'endroit était décidément bien exigu. Comment allaient-ils pouvoir rester cachés ici plus d’une nuit ? Aïko se dit que pour l’instant il y avait plus important et qu’on verrait le moment venu.
Lorsqu’elle lui eut tendu le chocolat Kairi ne se gêna pas pour afficher son exaspération bien compréhensible d‘ailleurs, songea Aïko après coup. Et au moment elle se résigna et aller baisser son bras, contre toute attente Kairi accepta son cadeau. Elle se doutait qu’il devait avoir très faim. Depuis qu’ils étaient montés dans le bus, les élèves n’avaient pas avalé une miette, et ils avaient ratés au minimum (goûter compris) trois repas. Il y avait sérieusement de quoi avoir faim. Aïko se fichait un peu de ne pas manger, elle pensait qu’elle pourrait bien tenir jusqu’au lendemain, histoire d’économiser les morceaux de pain fournis par l’armée.
Alors qu’elle en était là de ses réflexions, Kairi avait déjà terminé de manger le chocolat et lui lâcha un merci inattendu mais vraiment bienvenu. Aïko se détendit un peu plus, un sourire invisible sur les lèvres. Elle souriait dans sa tête ce qui en fait^était extrêmement bizarre. Quand elle s’en rendit compte elle déchanta et s’affaissa quelque peu.
Puis Kairi lui tendit la moitié qu’il n’avait pas mangé. Elle sursauta. Elle ouvrit de grands yeux surpris. Oui, elle avait faim, comme tout le monde à cet heure. Mais elle ne s’attendait en rien qu’il pense à cela. Comment dire… Cela n’était pas son problème. Oui, c’est ainsi que le dirait lui-même Kairi. Apparemment, il avait fait preuve de… Difficile à dire en fait. La jeune fille ne savait pas ce qui l’avait pousser à penser à elle, mais elle l’en remercier. A force de remercier on devient débile… Et Aïko ne le voulait pas.
Battle Royale avait au moins un point positif : celui de faire se remettre en question les participants. Et Aïko n’échappait pas à la règle. Était-il bon qu’elle persiste à être comme elle était si, non seulement personne ne l’appréciait, mais en plus qu’elle ne s’aimait pas elle-même ? Ne serait-il pas temps de changer ? Mais il était un peu tard pour se faire ce genre de réflexion. On ne se remet pas en cause du jour au lendemain et encore moins pour changer. Mais malgré le peu de temps qu’il lui restait elle souhaitait tout de même faire un effort. Et si s’était trop difficile elle laisserait tomber.
Au fond, elle n’était pas si bête. Et encore moins naïve. Il y a des années de ça, quelques malotrus s’étaient chargé de lui volé toute ces choses inutiles.

Elle commença par se dire que ce silence ne pouvait plus durer. C’était horrible, franchement, dans le genre réconfortant… Bref, on ne s’accorde pas la confiance des gens comme ça, et Kairi lui avait bien fait comprendre.
Le plus important pour l’instant revenait à un sujet dont tout le monde se serait passés de parler. Mais ce « jeu » n’en était plus dans la mesure où chacun « joue » avec la ferme intention de gagner. Normalement quand on joue c’est pour s’amuser, non ? Peut-être y a-t-il des personnes que ça amuse ?, pensa avec terreur Aïko.
Elle chassa cette question de son esprit et se rendit compte qu’avec ses jambes elle prenait un peu trop de place.

« Désolée » , fit-elle en repliant ses jambes au risque qu’on voit sa petite culotte.

*Je déteste cet endroit…*pensa-t-elle.

Elle prit la tablette de chocolat à moitié entamée, ouvrit son emballage et mordit dedans. Le chocolat au lait fondit dans sa bouche. Ce goût sucré lui avait presque manqué. Pendant qu’elle mangeait tranquillement sa part, elle ne pouvait s’empêcher de jeter quelque coup d’œil vers le jeune homme qui décidément paraissait bien fatigué. Une idée la frappa. Mais bien sûr ! A sa place Aïko aurait peur de s’endormir sachant qu’une personne bizarre en qui elle n’aurait pas confiance et en plus en possession d’une arme serait dans la même pièce qu’elle.
Elle prit son temps pour finir de manger ce morceau dont elle savourait chaque bouchée, l’occasion aussi de réfléchir.
Lorsqu’elle eut terminée, elle rangea le papier dans son sac et fixa un long moment Kairi, puis le sac kaki. Et une idée insensée lui vint :

« Kairi, je suis fatiguée et tu dois l’être tout autant si ce n’est plus. » , déclara-t-elle en insistant bien sur le « plus » car elle savait parfaitement que c’était le cas. Il était bien plus fatigué qu’elle ne l’était.

« Je ne sais pas ce qu’il y a dans ce sac, mais si tu veux on l’ouvre. Moi ça me tracasse de savoir qu’il y a un objet à tuer dans cette pièce… Mais comme ils l’ont fait remarquer c’est peut-être un truc inutile… Si c’est dangereux on le jette ou bien… je sais pas moi, pendant qu’on dort, si tu as peur que je l’utilise contre toi, tu peux le garder à côté de toi ou dans une de tes poches pour pas que je ne le prenne. Comme ça, peut-être que tu seras plus rassuré ? »

Elle se surprit elle même d'avoir aligné plus de trois mots.

Aïko pensait que si cela ne suffisait pas, elle ne verrait pas quoi faire d’autre. A moins qu’il ne l’attache. Au moins là il pourrait dormir sur ses deux oreilles… Mais ils n’en étaient pas là. Aïko était prête à tout pour qu’il puisse passer cette nuit dans un minimum de confort. Et ce même au détriment de son confort personnel.

Il la dévisagea un court moment aprés son inhabituelle déclaration. soit, peut-être qu'il serait plus rassuré s'il se savait hors de danger.
Mais une petite voix au fond de sa tête lui murmurait que même si l'arme d'Aïko se révélait être une chaussette, il n'aurait pas suffisament confiance en elle. Le fait qu'elle dise qu'il soit plus fatigué qu'elle suffit à faire monter la barre dans son thermomètre intérieur. Il crispa le poing sur le sol, baissant les yeux :

" De un, je ne suis pas fatigué, de deux, ce ne sont pas tes affaires !!! " La contredit-il avec un ton de sarcasme

Sa voix s'était durçie. Il détestait tout particuliérement qu'on se mêle de ses affaires, de son état de santé. Sa minute de gentillesse journaliére était passé et il grommela dans son coin des mots inintelligibles.

Intérieurement, il maudissait tous ceux qui avaient provoquée cette situation : les militaires, les merdeux, les élites, son père, le fichu gouvernement...

Aucune de ces personnes n'étaient peut-être coupable, mais il ne s'en fichait que plus. Comme souvent il se le disait, son bonheur passe avant celui des autres...

Il remonta son regard sur le visage de la demoiselle, pour ne pas regarder autre chose. Il serait injuste qu'elle soit la seule à montrer son arme. Comment pouvait-elle faire à ce point aveuglément confiance à cet être tordu qu'il est ?
Il esquissa un mince sourire : tordu d'accord, mais beau aussi...
Il inspira profondément :

" Pourquoi me fais-tu confiance ?! "

Il la mesura du regard avec méfiance. Cette île étrange où ils étaient ne permettaient pas la confiance gratuite. Elle devait sûrement attendre quelque chose de lui. Il lui a fait du mal, il la traitait durement et pourtant, lorsqu'il croisait son regard, il voyait quelque chose de profond, qu'il ne pouvait expliquer. Il secoua la tête avec défaitisme.
S'il se prenait d'affection pour elle, c'était fichu.
Soudain, il trouva ce à quoi elle lui faisait penser. Un caniche qui ferait tout pour faire plaisir à son maître... Il ne la connaissait pas sous tout ses aspects mais ce qu'il voyait ne lui laissait entrevoir que cette image : un gentil petit caniche innoffensif...

" D'accord, ouvrons ton sac..." finit-il par proposer, allant dans son sens

Jamais... jamais il ne serait aussi puéril qu'elle... Aussi confiant. Comment pouvait-elle être sûre qu'il ne la tuerait pas ?
Il siffla entre ses dents avec hauteur, ouvrant deux boutons de sa chemise pour faire circuler l'air...

Aïko se maudit d’avoir été si stupide. Pourquoi s’était-elle laissée aller de la sorte ? Elle se mordit la lèvre et détourna la tête. Quelle personne était-elle la minute précédente ? Elle l’ignorait. Comment avait-elle pu être aussi désespérée pour croire qu’il marcherait dans son sens ?

*Je ne suis qu’une imbécile…doublée d‘une enfant puérile, je l‘avoue, mais…*

Pas seulement.
Autrefois, elle fut tombée amoureuse. Enfin, elle ne fut pas toute seule à en décider, son Jules l’y avait un peu aidée. Mais, malgré qu’elle sache à quel point ce garçon était narcissique, volage, macho et tout ce qu’on pouvait lui dire, elle l’aimait vraiment car personne avant lui ne s’était penché vers elle pour lui parler et lui sourire. Un sourire parfois ironique, sarcastique, irrité, vaniteux… Elle aimait ses sourires plus que tout. Durant leur relation elle avait fait ce qu’il voulait qu’elle fasse. Et cette situation l’avait rendu heureuse aussi éphémère qu’elle l’eut été. Aïko aurait voulut que cela dur éternellement mais Kairi en avait décidé autrement. Et à ce moment là elle savait qu’il n’aurait servi à rien d’insister ou de s’abaisser à supplier. Elle aurait voulu lui dire que bien qu’il se peux qu’il n’ait pas été fidèle, bien qu’il ne s’était intéressé à elle seulement pour la mettre dans son lit, elle aurait tout accepter pour être avec lui encore un peu.

*Pitoyable et désespérante fille que je suis, mon dieu…*

Alors maintenant la question est : POURQUOI ?

Son monde avait basculé depuis son viol. Oui mais, cela excusait-il tout ce qu’elle était ? Si cette tragédie n’avait pas eu lieu aurait-elle été plus différente de maintenant ? Elle serait surement plus ouverte, plus bavarde, ne serait pas obligée de se réfugier dans un monde imaginaire, pas obligée de parler à un stupide lapin en peluche, elle ne serait peut-être pas tombée amoureuse de Kairi ? …
Non, ça, c’était inévitable… Aucune fille de la classe ne pouvait se venter d’être insensible à ce type…

Aïko observa le plafond.

*Je ne veux pas voir une minute de plus ce visage si beau et si dur…*

« Pourquoi je te fais confiance… », répéta-t-elle lentement. « Très bien, si ça te préoccupe tant… », lâcha-t-elle tout en réfléchissant à ce qu’elle pouvait dire pour lui faire comprendre ses sentiments.
« Je t’ai vraiment aimé moi, tu sais ? Ce n’était pas de la comédie… »

Elle marqua une pause pour soupirer faiblement de devoir en arriver à parler de ses sentiments chose qu’elle n’aimait pas. Mais là, c’était une question de vie ou de mort.

« D’accord, ouvrons ton sac… », finit-il par proposer.

Aïko fut grandement surprise par ce changement de comportement mais s’exécuta docilement.
Elle mit le sac kaki sur ses genoux et l’ouvrit. A l’intérieur : du pain et de l’eau, une carte, une boussole…et quelque chose de petit et métallique…: un canif contenant apparemment un petit tournevis cruciforme, une petit lime, un petit tire-bouchon, deux petits décapsuleurs, une lame de 5 cm et un minuscule ciseau. La jeune fille prit un aire sérieux et posa le sac devant Kairi pour qu’il voit par lui-même.

« Je n’ai pas peur de ta main, déclara-t-elle ensuite en la fixant. C’est la seule main d’homme qui ne m’inspire pas de dégoût dans ce bas monde d‘ailleurs…»

« Tu es le seule homme en qui j’ai confiance et en qui j’aurais jamais confiance si je venais à être tuée sur cette île…, acheva Aïko au bord des larmes.

Cette fois elle ne se cacherait pas. Il fallait qu’il la comprenne. Il le fallait !! Sinon elle ne pourrait pas continuer à se battre pour vivre.

« Ma raison, elle est simple… Quand j’avais 10 ans, des hommes…Ils m’ont enlevée et… j’ai rien pu faire… Ils m’ont fait l’amour à tour de rôle… »


En fait, on appelait cela un viol mais Aiko ne se résolut pas à prononcer ce mot. C’était au-dessus de ses forces.

Cette fois, sa gorge se serra tellement qu’elle eut du mal à respirer sur le coup. Elle porta ses mains à son coup pour se heurter au métal du collier. Ce collier, elle le haïssait ! Il évoquait en elle un sentiment de soumission insupportable. Comme ce jour maudit…
Elle inspira une nouvelle fois, et repris bonne forme.

« Maintenant, c’est à toi d’ouvrir ton sac, Kairi…" , déclara-t-elle avec, pour la première fois, un petit sourire malicieux.

Maintenant, plus question de se morfondre. Kairi n’allait pas compatir dans son malheur, loin de là ! Alors il fallait qu’elle se reprenne un peu en main, au moins jusqu’à ce qu’il en décide autrement...

Le brun haussa un sourcil. Il lui avait juste demandé quelques mots à propos de la raison pourquoi elle lui faisait tant confiance. et voilà qu'elle lui sortait un méli-mélo de paroles embrouillées selon lui : comme quoi elle l'avait sincérement aimé... Sérieusement, il s'en doutait. Les femmes sont si stupides avec leurs sentiments, persistant à croire au grand amour alors qu'il n'est nul part. Aïko l'avait peut-être trouvé en lui, comme d'autres jeunes filles avant elle. Mais lui n'avait su se satisfaire de son sort. De toute façon, ce n'était pas son genre et il tenait à garder la réputation qu'il s'était façonnée. enfin, maintenant, cette réputation était devenue véridique car le pire était qu'il aimait être ainsi, voir les larmes des jeunes demoiselles, les entendre le supplier.
Mais quand il avait quittée Aïko, elle n'avait presque pas réagi et cela l'avait presque vexé. C'est tout ce que cela lui faisait de se faire larguer par un homme aussi bien que lui ?
Ce qu'elle avait dit, son unique mot, lui revenait à l'esprit "d'accord".
Et à présent, il la voyait devant lui, alors qu'ils étaient perchés dans une cabane perdue dans une île où une armée d'élèves en folie avaient été lâchés. le destin aurait pu lui prévoir un meilleur sort quand même...
Lorsqu'elle ouvrit son sac pour en sortir le petit canif, Kairi sentit son esprit s'alléger. c'était une arme bien petite par rapport à ce qu'il craignait, mais une arme tout de même. Il prit le sac avec une certaine violence, avant de le vider sur le sol.
elle ne lui avait pas menti, c'était son seul moyen d'attaquer... A moins qu'elle ne le garde caché sur elle ?!
Il serra les dents, les mèches sombres tombant sur son visage harmonieux.
Soudain, la demoiselle commença à narrer un récit un peu plus personnel, ce qui ne fit qu'accentuer l'irritation du garçon. Il n'était pas venu pour entendre des histoires !
Mais quand il comprit le sens des phrases d'Aïko, il se sentit faiblir...
Violée ? A 10 ans ?
Et qu'était-il censé dire ?
Une phrase du genre "Ah, je suis désolé..." ? Il n'avait jamais eu affaire à ce genre de cas...
Et pourquoi personne n'était au courant alors ? une gamine normalement constituée aurait alerté ses parents. Et elle, qu'avait-elle fait ?
Des questions se bousculaient dans sa tête, sans pouvoir sortir. Pourtant, il se décida à garder le silence. Il n'y avait rien à rajouter. Elle ne voulait sûrement pas de sa pitié, et de toute façon, il n'était pas être compatissant, sauf envers les plus malheureux...
Mais elle était bien plus malheureuse que lui là, non ?
Prête à se plier à ses quatre volonté, elle lui disait même ce qu'elle n'avait peut-être avoué à personne...
Kairi ne put s'empêcher de ressentir du respect envers elle et surtout envers lui :

* Pourquoi est-ce que ces femmes me font toujours confiance ?! *

C'est clair que s'il sortait vivant de cette idiote, il n'irait pas crier cette information aux quatre coins de la ville. Que diraient les autres s'ils savaient qu'il avait couché avec une fille violée ?
il s'en torturait d'avance et la demande d'Aïko le sortit de son ébahissement muet...
Encore un peu sous le choc de la révélation, il fit ce qu'elle avait demandé, poussant les affaires qu'il avait renversées sur le côté, posant son propre sac sur ses genoux pour l'ouvrir. Il en sortit presque aussitôt une fléchette paralysante, petite, accompagnée d'un flacon de liquide transparent :

" Super... Avec ça, j'vais pouvoir tuer les mouches..." ironisa-t-il avant de les tendre à la jeune fille

Les paroles féminines n'avaient pas suffit à le rassurer, ni même le spectacle du canif. D'ailleurs, à cet instant il croyait bien qu'il serait incapable de faire confiance à qui que ce soit dans la classe, surtout si chacun est un cas social...
Il y avait de ces cinglés sur terre et la situation de terreur pouvait bien décupler leur frustration...
Il soupira à son tour et s'installa en tailleur pour être un peu plus à son confort...

*Shit de vie...*

Encore une fois, elle se demanda si tout cela était bien nécessaire… Après avoir été victime de ce crime odieux, Aïko n’en avait parlé à personne. Pas même ses parents n’étaient au courant. Traumatisée, faible, chétive et vidée de larmes, la petite fille s’était enfermée dans sa chambre. Rien de plus. Ses parents n’étaient jamais là pour elle. Jamais. Une fois les bases acquises (marche, parole, bonnes manières, etc…) plus rien. Son père était dédaigneux comme il n’est pas permis de l’être et sa mère tellement pompeuse et arrogante qu’elle finira par en mourir tellement c‘était exagéré…
Avouer une choses aussi douloureuse l’est presque tout autant que l’acte lui-même. Reste à espérer que Kairi ne lui fasse pas répéter…
Et maintenant, qu’en pensait-il ? Aïko pensa avec effroi que l’idée qu’il ait couché avec une fille aussi sale le dégoûte.
Déjà qu’il était réticent à supporter sa présence, alors désormais il n’oserais même plus la regarder dans les yeux… Peut-être salissait-elle sa liste personnelle de prénoms féminins, ces jeunes filles toutes aussi pures les unes que les autres ?

*Pourquoi ne puis-je pas être comme toutes ces filles… ?*, se demanda-t-elle désespérément.

Kairi vida le sac qu’elle lui tendait par terre. Elle fut surprise d’abord puis curieuse de savoir ce que contenait le sac du jeune homme. Elle regarda ses mains faire.

*Une petite flèche apparemment empoisonnée avec une recharge en poison ? A quoi ça sert ?*

« Super… Avec ça j’vais pouvoir tuer les mouches… » , ironisa-t-il avant de les tendre à la jeune fille.

Aïko s’empara délicatement des deux objets et les observa sous tous les angles avec un air dubitatif et exaspéré.

« Ils auraient quand même pu nous fournir la moustiquaire qui va avec... » , soupira-t-elle d'un air déçu.

Elle se rendit compte avec un sourire que son ton ironique ne rivalisait en rien avec celui de Kairi.

Aïko rendit son jouet/arme (au choix) à Kairi et commença à ramasser les affaires étalées sur le sol pour les remettre là où elles étaient les plus utiles, c’est-à-dire dans le sac décidément peu élégant fourni par l‘armée…

La phrase d'Aïko, censée être ironique, fit un "plouf" dérangeant dans l'humour plutôt noir de Kairi.
Il la regarda avec dureté, le temps n'étant plus à la plaisanterie.
Il aura déjà assez e mal à se défendre tout seul avec sa fléchette et qu'elle ne compte pas sur lui pour jouer le prince sauveur. Le crétin de service, Don Juan, Sujin Yasashi de leur classe, était là pour ça.
Lui, jouait juste le rôle du beau ténébreux...
Enfin, c'est ce qu'il en pensait...
Il observa avec dédain le visage d'Aïko, qui ne montrait pas grand chose. Aprés le soupir déçu, le sourire, il n'y avait plus rien...
Il rangea lentement son "arme", ce qui était censé le défendre contre les agresseurs. Mais de toute façon, il ne l'utilisera pas car il ne s'en mêlera pas de cette histoire. Ses mains, qu'il posait à pésent sur ses genoux solides, étaient encore exemptes de crimes. Et il tenait à ce qu'elles le restent.
Il se dévissa à nouveau le cou pour regarder le ciel à travers l'ouverture. Pas grand chose n'avait changé depuis la révélation hasardeuse de la jeune femme. La terre ne s'était pas arrêtée de tourner, la lune était toujours là et l'air tiède effleurait les cheveux mi longs du brun.
Il ne s'était pas remit totalement de ce qu'elle avait dit, l'information percutant à peine son cerveau engourdi par les derniers événements.
Il était clair que si elle le lui avait dit auparavant, pendant leur relation, il l'aurait quittée sur le champs. Elle était salie...
Il savait bien qu'il ne l'enfonçerait que plus s'il la blâmait. Et il pensait bien, qu'elle culpabilisait toute seule...
Comme lui-même à propos de sa mère...
Sauf qu'il ne lui en parlerait pas...
Même s'il était sur le point de mourir, il ne le dirait à personne.
A force de pensr ainsi, il revint à un souvenir particuliérement troublant...
Et il ne voulait pas se remettre en question !
Il secoua la tête our chasser le déférlement d'images, se demandant s'il devait partir et couper tout les liens avec la jeune fille assise en face de lui.
De toute façon, se dit-il, s'il leur restait peu de temps à vivre, autant rester là et se reposer.

* Mais j'ai pas envie de crever sans avoir couché encore une fois... *

Son regard sombre glissa du visage de la lycéenne pour se poser sur ses jambes repliées. Il pouvait apercevoir tellement de chose dans les expressios féminines, pourtant, là il ne lisait rien. Peut-être était-ce la fatigue ou l'émotion...
Sa tête bascula sur son épaule et il bailla longuement, pas du tout décidé à s'endormir en la présence de la jeune fille...

Dès l’instant où elle fut sortie de la caserne Sayuri ne cessa de courir que lorsqu’elle jugea avoir trouvé un abri la protégeant suffisamment à la fois des regards indiscrets et d’un éventuel assaut ennemi. Tout comme sa situation dorénavant il était précaire, mais à peu près convenable dans l’immédiat. Après tout ce petit bosquet broussailleux compris entre deux imposants rochers ferait parfaitement l’affaire le temps qu’elle fasse le point. Accroupie il était ainsi impossible de distinguer sa silhouette néanmoins cette cachette avait aussi le défaut majeur de lui offrir qu’une seule et unique sortie, autrement dit il était des plus simple de l’acculer dans cette position. Bah ce n’était que temporaire et il ne fallait pas qu’elle perde du temps en pensées futiles. Avec lenteur et une certaine raideur elle ouvrit le sac que les militaires lui avaient confié ou, pour être plus juste, lui avaient à moitié jeté à la figue. Ses doigts longs et fins se mirent à explorer l’intérieur de la besace. Elle reconnut la nourriture, la boussole et tout le matériel annoncé au toucher. Seul un objet la troublait, il devait probablement s’agir de son arme. D’un geste fébrile la lycéenne s’en saisit et la sortit pour mieux l’observer. Ses yeux s’agrandirent et s’écarquillèrent sous le choc de la stupéfaction. Etait-ce par déception, joie ou peur ? Seule elle connaissait la réponse, réponse qu’elle comptait justement garder secrète le plus longtemps possible. Sans attendre elle coinça sa « découverte » dans sa ceinture, dans son dos. La veste de son uniforme était juste assez longue pour la recouvrir complètement, c’était parfait. La jeune femme prit alors sa boussole en main et choisit au hasard une direction.

* Cap plein sud…*

Une fois la décision prise elle se mit en route, s’extirpant comme elle le pouvait de son refuge naturel. Seule la sombre clarté des étoiles et de la lune illuminait faiblement son chemin. Elle manqua d’ailleurs de chuter de peu à plusieurs reprises, continuant inlassablement son avancée laborieuse malgré ces embûches. Ce n’était pas quelques petites contraintes naturelles qui allaient venir à bout de sa détermination d’acier. Sa vision des choses était claire: elle allait aller au sud et ne ferait une pause qu’une fois un lieu correct pour passer ce qui resterait de la nuit trouvé. Là elle prendrait tout son temps pour analyser la situation et prendre les mesures les plus raisonnables si toutefois la raison était encore de mise sur cette maudite île. Mais pour atteindre ces présents objectifs il fallait à tout prix qu’elle ne périsse pas. Avec dédain elle imaginait la soif de sang que devaient nourrir les ambitions des élèves inconnus qu’elle avait observé dans la caserne. Pour elle c’était comme si le mot « échec » était gravé sur leur front, c’était à cause de ces rebus qu’elle vivait cet enfer. Son jugement arbitraire était sans appel pour le moment, une grande partie de ce désastre était indubitablement de leur faute, même indirecte. Qu’ils essaient donc de l’attaquer et ils auraient à affronter son instinct de survie déchaîné. Jamais, jamais elle ne se ferait éliminer par ses déchets, elle s‘en faisait la promesse. Orgueil et mépris, voilà un bien triste exemple illustrant quelques uns de ses défauts majeurs. Heureusement elle ne ruminait aucun ressentiment particulier à l’égard de ses camarades de classe, peut-être pourrait-elle trouver de l’aide auprès d’eux même si elle savait bien qu’elle ne pourrait jamais accorder entièrement sa confiance à quiconque. Oui, il fallait que son cœur se durcisse dès cet instant, trahison et autres duperies étaient dès à présent des évènements tout à fait banaux de cette nouvelle vie, il fallait s‘y résoudre. En y réfléchissant un peu la japonaise se disait qu’elle devrait faire preuve de la plus grande prudence envers celles qu’elle appelait les groupies de Kairi Ogawa. En effet sa relation bien qu’exclusivement physique avec lui pouvait aisément lui attirer de nombreuses inimitiés.

* Il n’y a qu’une chose à faire: avoir une vigilance constante…*

Il était aux alentours de trois heures du matin quand elle se retrouva au pied d’un imposant arbre. Tranquillement elle leva la tête pour estimer sa hauteur et fit alors une intéressante découverte: une cabane était perchée à environ cinq mètres de hauteur. Un léger sourire s’épanouit sur ses traits: c’était exactement ce qu’elle cherchait, l’abri idéal. Sans prendre la peine de chercher une échelle elle entreprit l’escalade de l’arbre, se hissant avec souplesse de branche en branche. Elle serra les dents, ses deux sacs lui cillaient désagréablement l’épaule droite. Quand elle fut enfin sur la plateforme une angoisse la saisit. Il y avait déjà des occupants. Néanmoins sa peur se dissipa rapidement, elle connaissait ces voix et savait pertinemment à qui elles appartenaient. La jeune femme se dévoila alors à eux, une main sur la taille, prête à saisir son arme en cas de réaction hostile et l’autre ramenant en arrière une mèche de cheveux comme si de rien n‘était. Elle afficha un sourire confiant à ses futurs interlocuteurs et déclara d’une voix neutre un brin ironique cependant.

« Oh désolé, je vous dérange ? »

[Désolé pour le pavé ^^'']

Totalement à ses pensées plus que sombres, le séduisant lycéen n'entendit pas les bruits de la montée de la nouvelle inconnue.
Il avait fermé les yeux et somnolait depuis quelques minutes, ne faisant plus attention à Aïko. Si elle pouvait se jeter sur lui, c'était bien le moment mais il s'en souçiait à peine, se demandant où étaient passées les autres.

Mais le craquement d'une branche le fit revenir à la réalité avec brutalité. Il dégagea ses cheveux de devant son regard, le fixant sur l'entrée de la cabane.

Quelqu'un encore montait sur l'abrre qui leur servait d'abri et Kairi ne prit pas la peine de chercher à réconforter la jeune fille qui était avec lui. Il serra dans sa main sa "fléchette", au risque de se piquer avec, le coeur battant la chamade.

Si le ciel avait pu lui accorder encore une faveur, il pouvait lui envoyer un dernier coup. Voeu égoïste comme à l'hbitude mais si réconfortant...

Kairi prit le temps de réfléchir. Fallait-il qu'il attaque dés que la personne pointerait le haut de son crâne ?

Il déporta son regard sur Aïko, qui ne devait pas être plus rassurée que lui. Un canif et une fléchette de poison ne seraient pas d'une grande utilité face à l'inconnue.
En son fort intérieur, Kairi pria pour retrouver une de "ses pintades bavantes de lui" . Elles seraient sûrement incapables de lui faire le moindre mal...

Bientôt, ce qui semblait être une lycéenne se hissa dans la cabane et le brun put remarquer sa longue silhouette fine, ainsi que les longs cheveux noirs. Voyant ces attributs, deux noms lui vinrent aussitôt à l'esprit : Kaoru ou Sayrui.
Il omettait de préciser qu'elle pouvait être aussi une élève des merdeux.
Mais lorsque l'inconnue prononça quelques mots, Kairi poussa un soupir soulagé. Il reconnaissait cette voix au timbre sarcastique, bien qu'il l'ait peu entendue, à part en privé:

" Ah, c'est toi sayuri... Non, tu ne nous déranges pas, on était juste en train de... discuter à propos de tout et de rien..."

Enfin, de rien serait plus conforme à la situation, étant donné qu'un lourd silence s'était déjà installé.
Avec grâce, Kairi se releva et adressa un mince sourire à son amante. Il ne savait s'il pouvait lui faire confiance, étant donnée la situation, mais au moins le ciel l'avait entendu en lui faisant parvenir cette jeune fille. Bien qu'elle ne fasse pas partie de ses amoureuses éperdues, il l'appréciait pour chaque moment qu'ils avaient vécu dans un lit...
Du coin de l'oeil, il observa Aïko. Forcément, d'anciennes histoires pourraient ressortir avec Sayuri dans les parages...
Mais il avait vraiment besoin de la chaleur d'une femme, même si c'était pour finir crevé par la suite.
Le plancher tanguait un peu sous ses pieds et il inspira un petit coup, avec un sourire plus charmeur à l'adresse du mannequin en herbe, cachant sa fléchette dans sa manche...

Aïko ne se rappelait plus de la dernière fois où elle avait rit. Ce détail pouvait paraître troublant, mais pour la jeune fille il n’y avait rien de plus normal. Elle avait perdu le goût de rire depuis bien longtemps. Étant depuis toujours une petite fille discrète et calme, elle ne supportait pas se mettre en avant. L’image de visages inconnus se tournant sur son passage lui évoquait un désagréable sentiment. Malgré cela, elle s’était décoloré les cheveux. Geste de plus en plus anodin de nos jours au Japon, heureusement. Elle avait pu se cacher derrière cet excuse peut profonde et continuer à déambuler dans les rues de la ville sans honte.
Aïko soupira intérieurement Elle releva la tête et lança un coup d’œil en direction de Kairi avant de replonger dans ses pensées.
La jeune fille arrivait à peine à réaliser ce qui leur arrivait. Comment en étaient-ils arrivés là ? Ce retrouver dans une vieille cabane perchée avec peut-être des tueurs et des psychopathes tout autour d’eux. Des élèves prêts à tout pour continuer leur vie d’avant comme si de rien n’était.

Aïko tenait à la vie. Et elle tenait pas tellement celle de ses camarades et même à celle des personnes du reste du monde. Si Kairi venait à être tué, que ressentirait-elle ?
Tout en se posant la question, elle observa longuement le visage du jeune homme, ses traits, ses cheveux, ses mains, sa bouche… Tout ce qui lui avait appartenu l’espace d’une nuit. Quoique, pensa Aïko. Cette nuit-là, c’est plutôt elle qui lui avait appartenue tout entière. Jamais rien de lui ne sera en sa possession et c’est parce qu’elle le savait pertinemment qu’elle ne pouvait partir de cette cabane et le laisser seul. Oui. Elle en était vraiment sûre désormais : s’il arrivait quelque chose à Kairi, jamais elle ne s’en remettrait.

Alors, maintenant, il devient urgent de réfléchir sérieusement à une stratégie…

Alors, qu’Aïko se demandait qu’elle sera le plan à suivre dès l’aube, un craquement de feuille sèche venant de l’entrée la fit sursauter. Serait-il possible que quelque un soit en train d’escalader l’arbre qu’elle-même l’avait fait auparavant ? Mais qui ? Quelqu’un de leur connaissance ou bien un élève de cet autre lycée ? Quelqu’un venu pour tuer ou pour échapper au massacre ? Un fille, un garçon ?
Le cœur d’Aïko battait à tout rompre et elle jeta un regard terrorisé à Kairi. Elle fut surprise de voir qu’il avait déjà eu le reflex de prendre son arme. Elle en fit de même. Les mains tremblantes, et avec des gestes vifs, elle ouvrit son sac et saisit son arme qu’elle cacha dans les pans de sa jupe à côté de sa cuisse.

Aîko attendit que l’intru se hisse sur la plate forme. Avec l’obsucirité en toile de fond, il fut difficile de reconnaître immédiatement l’élève, mais quand celui-ci s’adressa à eux, Aïko le reconnu avec angoisse : Kensei Sayuri. Ce nom résonna dans sa tête avec le croissement lugubre d’un corbeau.

N’importe qui mais pas elle.

Aïko fixa la jeune femme avec de grands yeux.

Pas elle, tout mais pas elle, pitié… J’ai rien fait pour que ça m’arrive…

Une pensée la traversa comme une lame glacée : et si elle était venue les trouver pour les tuer de sang froid ? Cette fille faisait partie de la catégorie « Je suis prête à tout pour gagner ». Aïko en avait l’intime conviction.
Aïko savait pertinemment que cela avait été avec cette fille qu’il l’avait tromper et qu’il devait surement se revoir de temps en temps… La façon que kairi avait de la regarder et de lui parler disait « Cette fille m’appartient et malgré tout je la désir encore. »
Oui, Kairi la désirait, cela crevait les yeux.
Dans un tout autre contexte, qu’en était-il ?

Kairi ne pouvait accordait sa confiance à quelque un et encore plus s’il s’agissait de l’une de ses nombreuses conquêtes., pensa Aïko en les regardant l’un après l’autre de sa place.
Alors quoi ? Qu’avait-elle l’intention de faire maintenant qu’elle les avait trouvés ? Les apprivoiser pour ensuite les tués une fois leur garde baissée ? Non. Aïko ne la laisserait pas faire, jamais. Elle s’était toujours tu en sa présence, ne lui avait jamais exprimé ses véritables sentiments.
Peut-être qu’il se présentait là une chance inespérée de régler des comptes ?

Aïko aurait pu vomir avec abondance toute la rancœur et la haine qu’elle vouait à cette belle garce du nom Kensei Sayuri…

Elle ne se départit pas de son sourire plein d’assurance et observa posément les réactions de ses deux camarades de classe. Kairi, malgré les circonstances, semblait toujours égal à lui-même: aussi charmeur qu’à l’accoutumée. Aïko quant à elle se contentait de les regarder tour à tour en silence. Il ne faisait aucun doute qu’elle était au courant de la relation qu’elle entretenait avec son ancien petit ami. Sayuri avait beau être d’une fierté sans borne s’il y avait bien une erreur qu’elle ne commettait presque jamais c’était bien le fait de sous-estimer son entourage et en particulier les élèves élitistes de son lycée. Développer ses capacités d’analyses, accroître la justesse de ses diagnostics et affiner son sens de l’adaptation… telles étaient les clés de la réussite en toute situation pour elle et ses habitudes n’allaient certainement pas changer à cause de cette stupide loi dont-ils étaient les victimes. Elle ne connaissait pas personnellement cette fille aux cheveux décolorés, néanmoins elle avait déjà eu vent du genre de fille plaisant spécialement à Ogawa: folle d’amour, prête à tout pour espérer un jour compter un peu dans son coeur. Alors il était certain qu’elle devait conserver une énorme rancune à son égard. Quand toutes ces naïves lycéennes allaient-elles enfin comprendre que pour conserver ce qu’elle appelait des « collectionneurs en série » il ne fallait pas être à ce point dépendantes et collantes ? Cela n’avait rien d’infaisable pourtant ! Il suffisait de jouer avec le chaud et le froid, de cultiver une part de mystère, d’afficher clairement son indépendance, d‘entretenir une image sublimée de la réalité... Chaque homme nourrissant systématiquement un certain nombre de fantasmes, si Tsukiyama avait juste cerné celui lui convenant le mieux pour dompter son amoureux volage, il ne serait pas allé voir ailleurs. Toujours froide et très terre à terre dans ses raisonnements, la jeune femme ne ressentait aucun sentiment de culpabilité. Etait-ce parce qu’elle n’était encore jamais réellement tombée amoureuse ? Ou bien par peur de souffrir s’il arrivait un jour que ses sentiments prennent le dessus sur la raison dans une relation ? Quoi qu’il en soit ce n’était certainement pas le lieu ni le moment pour se remettre en question et encore moins pour s‘attarder sur le passé, il fallait penser « pratique ».

*Ne pas s’éparpiller.*

Dans l’immédiat elle ne pensait pas que le beau brun s’attaque à elle, ou du moins, pas avant d’avoir pris son pied une dernière fois. Par contre la japonaise n’avait aucune garantie vis-à-vis de l’ex de son amant qui avait tout intérêt à l’éliminer au plus vite. Cependant, malgré toute l’amertume qu’elle devait éprouver envers Sayuri, aurait-elle le cran de tenter de mettre fin à ses jours en l’agressant sous les yeux de « l’homme de sa vie » ? C’était un risque qu’elle n’était pas prête à prendre. Traîner avec soi quelqu’un susceptible de nous planter un poignard dans le dos dès la première occasion venue était tout sauf tolérable, spécialement sur cette île. Non vraiment, même en tournant le problème sous tous les angles possibles il n’y avait pas beaucoup de solutions envisageables. Autant Kairi constituait un allié potentiel même si une méfiance mutuelle serait toujours de mise, autant Aïko était une menace imminente. De plus la japonaise n’avait jamais aimé le chiffre trois pour un groupe, les risques de trahison étant trop élevés pour être acceptés. La décision la plus sage aurait été de l’éliminer sans réfléchir plus longtemps, elle aurait été ainsi débarrassée de cette épée de Damoclès qui planait au-dessus de sa tête depuis son entrée dans la cabane, voire depuis le début de son ascension de l’arbre la soutenant. Néanmoins avoir les mains souillées par le sang d’une personne qu’elle avait côtoyé en cours pendant un an et si tôt ne l’enchantait guère. Peut-être que, pour une fois, elle aurait mieux fait d’écouter son instinct, aussi bas et bestial soit-il, au lieu de privilégier la « diplomatie », si toutefois on pouvait appeler ainsi l’ultimatum qu’elle s’apprêtait à poser. De toute manière elle n’avait pas le choix… Sa main droite n’avait pas quitté sa hanche tout au long de son monologue intérieur, prête à saisir son arme au moindre geste suspect. Le geste n’était qu’à moitié discret, chose voulue par la jeune femme. Ainsi ils pouvaient tout imaginer: qu’il s’agisse de bluff pour faire croire qu’elle avait tiré le gros lot à la loterie des armes alors qu’il n’en était rien ou bien qu’elle était tout simplement bien armée. Elle conservait par conséquent le bénéfice du doute et exerçait une pression qui pourrait s’avérer révélatrice des intentions de ses interlocuteurs et par la même occasion protectrice. Enfin elle n’allait pas les faire attendre plus longtemps. Sayuri déclara alors d’une voix suave chargée de lourds sous-entendus, après avoir vérifié qu’elle se tenait au moins hors de portée d’une arme blanche de taille moyenne.

« C’est avec un immense plaisir que je te retrouve Kairi… »

Elle marqua une pause, s’appuyant légèrement de son bras gauche à l’encadrement de la porte dans une position des plus suggestives mettant en valeur son déhanché et ses courbes. Maintenant que l’invitation était des plus claires, elle allait poser ses conditions. Son expression se fit plus grave et elle ajouta.

« Mais j’ai l’impression que ma présence gêne la petite, je ne voudrais pas l’indisposer donc je vais devoir te quitter à mon plus grand regret… »

C’était clair: soit il faisait dégager son ex, soit c’était elle qui partait et alors qu’il ne s’avise plus de lui adresser la parole car c‘est en ennemi qu‘elle le considérerait. Quoi de plus normal s’il se mettait à soutenir celle qui voulait probablement sa peau plus que quiconque sur cette île ?

*Ne merde pas Ogawa ou tu le regretteras plus tard, tu peux en être sûr…*

Kairi haussa un sourcil plus qu'étonné. Une tension vibrait à présent dans l'air lourd de la cabane et lui, il était là, comme un trophé à gagner. Mais qui étaient celles qui le voulaient réellement ? Une sorte de jeu semblait se jouer entre les deux lycéennes et Kairi restait debout, incertain. Aïko restait muette mais du coté de la deuxième...
Il eut une petite moue indécise quand Sayuri lui posa l'ultimatum, caché entre les lignes.
A vrai dire, le jeune homme avait vraiment une préférence, s'en fichant un peu du coeur réel des femmes. Son regard mesura son amante des pieds à la tête, avant qu'il ne se tourne vers la petite lolita lycéenne.

Le " C'est Elle ou moi " avait été déclaré et à vrai dire il ne savait que faire, s'employant à garder son doute dans son "espace privé".
S'il restait avec Sayuri, au moins il s'amuserait un peu plus mais il n'aurait pas la garantie d'une vieilliesse longue et sans problème.
Alors que s'il donnait la préférence à Aïko, il s'ennuyerait beaucoup plus mais il savait qu'elle n'attenterait pas à sa vie.

Une histoire à donner la migraine, songea-t-il avec amertume.

Sa main serrait toujours sa ridicule petite arme et il cherchait à savoir ce que pouvait bien cacher Sayuri contre sa hanche... Cette fille est vraiment magnifique, pensa le lycéen, souriant toujours, comme s'il n'y avait rien eu

Mais quelle arme pouvait se cacher dans son dos droit ? Et que pouvait dissiumuler cette lueur dans ses yeux...

Une nouvelle fois, son regard pivota pour se poser sur Aïko. De tous ces problèmes, il ne retenait qu'une chose : elles ne s'aimaient pas.

Il toussota avec politesse, lissant nerveusement le col de son uniforme.

Il avait vu tant de fois Sayuri dans le plus simple appareil et malheureusement, l'envie de la revoir revenait en force.

Il avait auparavant souvent fait passer ses envies avant ce que dictait la morale. Et alors, son entourage n'avait qu'un seul mot à la bouche "Débauche".
Et pourquoi fallait-il qu'on lui complique toujours la vie ?Et pourquoi fallait-il que la morale n'autorise qu'une seule petite amie ?
Parfois, il aurait préféré pouvoir être polygame. C'est tellement plus amusant de se distraire avec deux, trois, quatre filles en même temps.
De plus qu'il n'avait jamais supporté d'être avec une seule fille à la fois. C'est tellement lassant et ennuyeux.
Autant les longues liaisons sont ennuyeuses, autant le goût de l'adultère en devient délicieux.

Kairi pencha la tête sur le côté. Il n'avait pas à choisir. Elles devaient se débrouiller entre elles et lui, le curieux trophé, attendrait sur son pied d'éstale.

Mais un regard vers Sayuri le dissuada de proposer cette alternative plus pacifique pour lui.

Il crispa son poing, avec une expression qui devenait plus sûre au fur et à mesure des minutes qui passaient.
Aprés tout, il n'était qu'un simple épicurien donc il n'aura pas à culpabiliser, quel que soit son choix parce que de toute façon il se trouve qu'il a toujours raison, de son point de vue et même de celui de la plupart des personnes qui l'entourent au quotidien...

" Aïko... "

Il inspira un grand coup avant de tourner complétement le dos à son ex petite amie, comme une porte que l'on ferme. Elle devaitavoir comprit son désir du moment, tellement un homme qui réagit est repérable :

" J'aimerai que Sayuri reste avec nous... Si elle dit vrai, elle t'indispose alors tu peux partir, tu es libre... "

Comme simple rappel qu'il n'était pas là pour l'empêcher de vivre, qu'elle devait l'oublier lui.
Il pensait auparavant qu'elle avait tourné la page mais visiblement, cela n'avait pas l'air d'être le cas. elle était toujours aussi malheureusement soumise à lui en quelque sorte... La plupart des demoiselles qu'il avait jetées brutalement, tentaitent de l'oublier et ne lui faisaient jamais confiance, alors pourquoi semblait-elle être une exeption à la régle ?

Il rencontra le regard sûr de Sayuri et lui adressa un sourire séducteur, avec l'impression d'avoir passée une étape mineure. Les mots cachent souvent plus de sens qu'ils sont censés en avoir.

Ce n'est pas si dur que ça finalement d'abandonner quelqu'un...
Mais si elle résistait, que devrait-il faire ? Il pourrait... ressortir son histoire.
Son sourire devint un peu plus cruel alors qu'il se formulait intérieurement cette pensée. Plus le temps passé et peut-être moins encore aura-t-il de scrupules à blesser...

C'était si simple en réalité...

Malgré le coup du sort vicieux qui s’acharnait sur elle, Aïko décida de ne plus pleurer sur son triste sort. Depuis plusieurs longues années déjà elle « supportait » la vie. Mais depuis qu’elle fut certaine de ses sentiments en tombant amoureuse, elle comprit qu’une lueur d’espoir se cachait dans ce monde sordide et que sa seule chance de survivre était de s’y accrocher de toute ses forces. Même après qu’ils aient rompus, la jeune fille n’avait pas perdu espoir pour autant. Elle avait extrêmement souffert de cette séparation et pourtant s’en était remise que plus rapidement. Elle avait complètement oublié Kairi. Alors pourquoi avait-il fallu que le hasard l’emmène à le retrouver dans un tel contexte ? Et ensuite être confrontée à Sayuri ? C’était trop étrange, juste un mauvais rêve, un horrible cauchemar…
Sayuri était tout son contraire : elle était plus grande, plus déterminée et beaucoup plus sûre d’elle qu’Aïko ne le serait jamais…
Alors quoi, elle lui était inférieure ? Comme ça juste parce que cela devait être ainsi ? Était-elle née pour perdre face à cette fille qui jouait honteusement les femmes fatales ? Combien de chance avait-elle de vaincre ? Aïko n’était pas très forte… Mais et ce qu’on appelle la force du désespoir ? Est-ce que c’est efficace ce genre de force ? Quand on a plus rien a perdre, même plus sa propre vie, est-ce que c’est efficace ?
Sayuri paraissait à son aise. Aïko en fut sincèrement écoeurée. Comment pouvait-elle leur parler comme si de rien n’était ? Cette fille arrivait, comme ça, sans qu’on lui demande rien, et elle en plus elle vous imposait sa présence avec l‘air d‘être la plus forte ?
Aïko ne détachait désormais plus son regard de la femme qui souriait devant le cadre de la porte.
Un lueur de mépris et de répugnance brillait dans ses yeux noirs.
Oui, bien sûr que sa présence la gênait. Comment ne l’aurait-elle pas gênée ? Sayuri savait parfaitement ce qu’elle ressentait à son égard.
Aïko fut abasourdie par le ton et la déclaration qu’elle leur fit.
Cette fille cachait une arme et invitait un homme à être seul avec elle ? Peut-être pour user de ses charmes et une fois sa garde baissée, le tuer de sang froid ? Était-ce ce sort qu’elle réservait à Kairi qui sans aucun doute serait tenté par une proposition aussi indécente ? Non, sérieusement, n’avait-elle pas honte de prendre une position aussi aguicheuse même devant Aïko ?

« Aïko… »

Lorsque Kairi prononça son nom, son cœur s’emballa. Avait-il déjà choisit de l’abandonnée ? Tout ça pour une fille qui était prête à vendre son corps pour gagner ce jeu sans pitié qu’il disait d’ailleurs lui-même ne jamais s’abaisser à y participer ?

«  J'aimerai que Sayuri reste avec nous... Si elle dit vrai, elle t'indispose alors tu peux partir, tu es libre...» 

Ses mots résonnèrent dans sa tête. Elle ne pouvait pas les laisser croire cela. Elle l’indisposait mais ne pouvait partir. A rester assise là, on pouvait croire qu’elle était chétive et soumise. Aïko se releva également et observa les deux lycéens à tour de rôles.
Kairi serait-il prêt à accepter cette proposition au bas de tout ? Était-il à ce point accro au femme, au point de s’offrir du plaisir alors que le jeu était au massacre ? Tomberait-il si bas ? Et sa légendaire dignité ? Contre quoi l’avait-il donc échangée ? ?
Aïko se perdit en indignation.
Au bout de quelques secondes, elle trouva cette situation bien drôle tellement elle était cruelle.
Qui a dit que l’ironie du sort était drôle ?
Les mots qu’elle prononça alors, sortirent de sa bouche sans qu’elle y ait réfléchit et sans qu’elle s’y attendait le moins :

« Kensei…, commença-t-elle, ta présence ne m’est pas aussi pénible que tu sembles le penser ou même le vouloir… Tu peux bien rester ici si tu en as vraiment envie… »

Tout en la regardant dans les yeux elle continua :

« Mais si ce n’est pas le cas, et que tu es venue pour tout autre chose… »

Aïko vit clair dans ses idées. Tout paraissait très clair et dur à présent.

« Si tu veux me tuer vas y, lui déclara-t-elle avec colère. Saches que je te hais au point de m’arranger pour qu’une grande quantité de mon sang salisse ton sale corps au passage ! »

Kairi ? S’envoyer en l’air avec cette fille ridicule ? Pourquoi pas. S’il le voulait vraiment, même après réflexion, elle ne lui en voulait pas, le moins du monde même… Mais Aïko ne se laisserait pas menacée de la sorte. Elle ne céderait pas face à une provocation aussi ridiculement entraînée.
Non, vraiment, il fallait arrêter, là. Cette fille se comportait-elle vraiment de manière aussi libertine tous les jours ?

* C'est pas fini ?! *

La situation s'evenimait de plus en plus et le lycéen se sentait légérement mal à l'aise. Il avait finalement donné la préférence à sayuri mais viiblement Aïko ne l'entendait pas de cette oreille.
Le visage harmonieux de Kairi se ferma totalement : n'était-il pas assez grand pour suive ses décisions seul ? A moins, qu'elle croit qu'il suivait toujours ses penchants charnels ? C'était sûrement vrai apréstout, n'avait-il pas choisi Sayuri pour ce ue cette situation promettait ?

Enfin, Aïko ne devrait pas être aussi agressive. Surtout que Sayuri ne lui avait rien fait jsqu'alors.
Pas un bref instant, le brun ne pensa que Sayuri était peut-être dans son tort. Elle était venue ainsi, croyant pouvoir imposer sa volonté à tout le monde. Et malhureusement, Kairi ne voyait pas d'autre choix que de la suivre, histoire d'oublier un peu ce qui l'entourait.
D'un regard presque désintéressé, il observa l'échange entre les deux filles. Elles parlaient de mort, de choses qui n'auraient pas du avoir leur place dans ces discussions juvéniles.

Le séduisant lycéen soupira : qu'elles étaient fatiguantes à la fin !

Aïko ne pouvait pas baisser la tête et dégager en silence ?

Il est vrai qu'il n'avait pas toujours été trés juste envers la lolita, mais enfin, qu'il y a t'il de mal à essayer de vivre pleinement ?

Sayuri murmura quelques phrases à l'oreille d'Aïko sans que Kairi n'en saissise le sens. Il tentait de se concentrer sur autre chose, restant debout, élégant, se demandant s'il devait sauter de l'arbre avant que les deux jeunes filles ne commençent à se taper dessus, s'il y avait bagarre.
Il glissa ses mains dans ses poches, lorsque Sayuri réapparut devant lui.
Visiblement, elles avaient fini...

L'air nullement gênée, elle l'embrass doucement et il se laissa faire, recevant avec un sourire intérieur ce baiser. Cela lui avait presque manqué...

Les lèvres de Sayuri, douces , lui évoquaient toujours des parfums d'été.

Lorsqu'il sentit les bras fins l'attirer vers elle, il se baissa lentement, portant ses mains larges aux hanches de la jeune fille.
Il pouvait choisir cet instant pour lui enlever son arme, car rien ne lui promettait qu'elle ne le toucherait pas pour le tuer, du moins pas pour le moment. Mais Kairi se rendit compte que si cela faisait parti des intentions de la jeune femme, elles n'étaient pas isolées, se retrouvant aussi dans son propre esprit. Ils étaient donc deux futurs ennemis quiont trouvé un autre moyen d'échange, pour quelques temps.

De son côté, alors qu'il effleurait les hanches féminines, il lâcha sa fléchette qui tomba à terre.
Il était désarmé...

Il eut une pensée un court instant pour Aïko, qui devait les observer, pour l'écarter aussitôt.
Quand il "s'occupait" d'une femme, il avait pour précépte de ne jamais (rarement plutôt) penser à une autre, quelle que soit la personne.

Comme il était resté planté face à la lune pendant les "parlementations" des lycéennes, et qu'il se trouvait toujours à la même place, il attira, d'un pas en arrière, la belle créatue à l'intérieur de la cabane...
ses mains quittérent les hanches fines pour remonter sur le buste féminin, jusqu'au col d'uniforme de la demoiselle, tandis qu'il l'embrassait.

Et finalement, Kairi se rendit pour la éniéme fois compte qu'il n'en avait rien à faire d'Aïko... Il vint aussi à une autre conclusion tiré de lui-même : ne sont exploitables dans ce sens que les belles femmes...